La construction d’un chalet ou comment vivre sa spiritualité dans la matière

Tout a commencé le jour où Lionel a pris en prêt à la médiathèque un livre « Cabanes de jardin » de Hugues Peuvergne.

En le feuilletant j’ai ressenti les émotions que j’avais, petite fille, quand j’allais me refugier dans des cabanes improvisées que je construisais, avec des cartons, des planches, des draps. Cela faisait déjà quelques mois qu’il était né en moi l’envie de réunir mes deux activités professionnelles, la traduction et l’accompagnement en développement personnel dans un seul et même endroit, pour moins me disperser, pour changer d’énergie quand je travaillais dans ma chambre pour la partie traduction, pour pouvoir plus facilement proposer des RDV aux bénéficiaires de mes outils, pour me donner l’occasion de goûter à la partie joyeuse de mes activités.

Ma première proposition, de construire une cabane de jardin pour que j’y puisse travailler, n’a pas été accueillie favorablement, trop d’incertitudes sur l’étanchéité, sur la qualité de l’isolation, ont freiné Lionel, qui, dans le couple représente l’expertise en matière de bois, puisqu’il crée du mobilier éco-responsable à partir de bois de palette et de matériaux de récupération (www.deco-palette.fr). Je sentais le défi trop écrasant pour le relever toute seule.

Finalement, pendant deux ans, après cinq ou six coups de fil, deux RDV, plusieurs autres options envisagées, le temps de la maturation du projet était arrivé à son terme.

L’objectif de mon côté était de décider de quelle façon je voulais vivre cette expérience de création en couple, de sentir les énergies à l’œuvre, d’observer comment nous étions dans le moment de la matérialisation du projet, un projet totalement nouveau et beaucoup plus grand que ce que nous avions fait jusque-là.

Nous avons trouvé notre fournisseur de bois, pour le chalet, il s’agit de Bunel Frères, à Frénouville, à côté de Caen. Le fait de travailler avec des entreprises locales nous enchantait. Nous avons commandé le chalet, mais, pour que l’entreprise le monte, nous devions couler une dalle béton. Le fait de ne pas en vouloir une nous a ouvert à une aventure plus grande que celle que nous avions prévue au départ.

Serions-nous capables de construire de A à Z une petite habitation en bois, de presque 19 mètres carré ?

La réponse en images 😊 !!

L’arrivée des poutres

Lionel, qui pourtant n’a pas suivi d’études en ingénierie, a fait ses calculs de portance pour pouvoir commander la bonne taille et la bonne section des poutres. Il est plutôt du genre prudent, taille XXL. Ensemble nous avons calculé l’épaisseur des matériaux d’isolation, des flocons de liège pour le plancher, des panneaux de liège pour les murs et le toit. Je me suis occupée des propositions au niveau de la décoration intérieure, peinture et papier peint.

Nous avons pu remarquer comment chacun de nous était précieux à des moments différents ; je me sens à l’aise en début de projet, sur la motivation et la solution de problèmes tout le long, il est à l’aise sur la longueur de projet, l’endurance, l’organisation. Nous avons aussi relevé que nous n’avions pas le même rythme de travail, la même réponse à la fatigue et aux difficultés. La plupart du temps nous avons eu beaucoup de plaisir à travailler ensemble.

Les difficultés que nous avons traversées ont été de la taille de … la tempête Bella.

J’ai pu toucher avec la main à la puissance créatrice de nos pensées. Nous avons démarré la partie fondations, avec la pose de 12 vis de 1 m dans le terrain, énergétiquement parlant j’avais trouvé un seul point non fluide, et dans les faits, ce fut le seul point où nous avons dû nous y reprendre à 5 reprises.

Nous avancions plus rapidement que prévu malgré les journées courtes de décembre et la complexité des mises à niveau, la météo était plutôt clémente. Et lorsque nous sommes arrivés au toit, je me suis adressée une phrase « C’est TROP bien, jamais je n’aurais pensé pouvoir le faire, suite à mon accident et à mon opération au dos, c’est INCROYABLE !» Je venais de terminer ma phrase que je suis passée aux travers de mon support en bois avec une énorme poutre sur mon épaule et je me suis blessée.

Nous n’avons pas pu finir le toit et la tempête Bella est passée, arrachant la bâche que Lionel avait positionnée. Pendant plusieurs jours, nous avons épongé, surtout Lionel, de l’eau gelée pour éviter que les niches en OSB que nous avions créées pour isoler le sol ne se défoncent.

L’autre grosse difficulté qui a eu un impact sur notre chantier a été le retard (presque 2 mois) dans la livraison de la porte fenêtre. Nous travaillons avec une température de 3° le matin, impossible de pouvoir étaler les peintures, nous avions arrêté nos activités professionnelles respectives et donc nous n’avions plus de rentrées d’argent depuis la mi-décembre, nous allions avoir du retard sur nos projets professionnels, c’est à ce moment que nous avons vécu des gros moments de tension.

Finalement, début février, la porte est arrivée et la sérénité que nous avions retrouvée a eu son bel écrin chaleureux.

J’ai pu intégrer progressivement la cabane et y être définitivement courant mars. Je m’y sens très bien, l’ambiance du bois est très agréable et enveloppante.

Notre objectif écologique a été atteint, les déchets de tout le chantier rentraient dans un sac poubelle de 30 litres.

Une autre considération que nous avons eue, est que notre cabane, avec un aménagement légèrement différent, pourrait être un habitat confortable et résilient. Une solution à moindre coût, économique et écologique que nous pourrions choisir de proposer aux sans-abris, qu’ils puissent également participer à la construction, pour qu’ils aient un logement digne.

Merci à Lionel, à moi et à la Vie pour cette belle expérience.